La semaine dernière, j’avais publié un article pour expliquer les principes de base de l’adressage IPv4. Si vous ne l’avez pas encore lu, vous pouvez y accéder ici. Il était notamment indiqué qu’une adresse IP était constituée de deux parties: la partie réseau et la partie hôte. Dans cet article, nous allons poursuivre cette introduction en expliquant le concept de classes d’adresses IP.

Nous avons donc indiqué précédemment que la taille de l’adresse IP est fixe (32 bits). Par contre,  la partie réseau n’est pas un sous-ensemble fixe de cette adresse IP. Il faut donc un paramètre pour indiquer où est la partie réseau et où est la partie hôte. Ce paramètre est ce que l’on appelle le masque de sous-réseau. Un schéma permet d’illustrer cela:

Principe du masque de sous-réseau et les notations usuelles.

Principe du masque de sous-réseau et les notations usuelles.

 

 Les différentes classes d’adresse IP

 A l’origine, les adresses étaient séparées en différentes classes: les classes A, B, C, D et E.

  • La classe E était réservée pour des expérimentations (E comme… « expérimental ») et n’a jamais été exploitée.
  • La classe D est utilisée pour adresser, non pas une machine, mais plusieurs (un groupe de machines). On parle alors d’adressage multicast. Le multicast est une technologie utilisée, par exemple, pour la diffusion des flux TV en direct. Un serveur diffuse un flux pour chaque chaîne TV et le destinataire, ce n’est pas une machine en particulier, mais un groupe (cette adresse est en fait utilisée comme une étiquette): tous les systèmes abonnés à une chaîne vont recevoir le flux. Il ne s’agit pas de l’abonnement mensuel payé pour une chaîne payante mais l’abonnement à un groupe. C’est ce que l’on fait lorsque l’on zappe avec la télécommande: cette action demande au décodeur de générer un abonnement vers le groupe attribué à la chaine désirée…
  • Enfin, les classes sur lesquelles nous allons nous concentrer: les classes d’adresses A, B et C: c’est à dire les adresses appelées « unicast« . Il s’agit des adresses qui identifient une machine (ou plus précisément une interface) donnée.

 

Comment savoir à quelle classe appartient une adresse IP?

Les classes d'adresses IP en fonction de la valeur des premiers bits.

Les classes d’adresses IP en fonction de la valeur des premiers bits.

Tout simplement en regardant la valeur des 4 premiers bits de l’adresse! C’est à dire?

  • Une adresse de classe A est une adresse IP dont le premier bit est à 0. Ainsi, en notation décimale, cela signifie que le premier octet de l’adresse est compris entre 0 et 127 (valeurs binaires comprises entre 00000000 et 01111111).
  • Une adresse de classe B est une adresse IP dont les deux premiers bits sont 10. En décimal, le premier octet de l’adresse est donc compris entre 128 et 191 (valeurs binaires comprises entre 10000000 et 10111111).
  • Une adresse de classe C est une adresse dont les trois premiers bits sont 110. La valeur décimale du premier octet est donc compris entre 192 et 223 (cela correspond aux valeurs binaires 11000000 et 11011111).

Je vous fait cadeau des classes D et E puisque tout est dans le tableau ci-contre!

Une petite aide pour mémoriser tout ça:

Il suffit de se rappeler que la classe d’une adresse unicast est définie par la position du premier bit à 0 dans le premier octet: première position ? C’est une classe A. Deuxième? c’est une classe B et… Troisième position, c’est une classe C. Voilà !

 

OK, on a compris… mais… ça sert à quoi, les classes ?

Historiquement, la classe d’adresse permettait de connaitre, sans le masque de sous-réseau, la structure de l’adresse. C’est à dire savoir distinguer (sans le fameux masque de sous-réseau) la partie réseau de la partie hôte ! Tout simplement en  définissant que la partie réseau (et donc la partie hôte) d’une adresse est fixée par sa classe.

On trouvera le détail des postulats dans l’illustration suivante:

classes2

Le découpage historique de la structure d’une adresse IP à partir de sa classe d’appartenance.

La conséquence de se découpage est que chaque classe d’adresse permet d’avoir un certain nombre de réseaux et un nombre maximal d’hôtes sur chaque réseau. Ce sont les valeurs que l’on retrouve dans la table ci-dessous. On note donc que les adresses de classes A étaient réservées à de très grandes organisations alors que les adresses de classe C sont utilisées pour les petites structures.

Nombre de réseaux et de systèmes dans un même réseau en fonction de la classe d'adresses.

Nombre de réseaux et de systèmes dans un même réseau en fonction de la classe d’adresses.

Dans le cas d’une adresse de classe A, il est donc possible de mettre plus de 2 milliards de machines dans un même réseau (dans la même rue si on reprend l’analogie proposée dans le premier article). C’est beaucoup, c’est même trop. Il faut donc trouver un moyen de s’adapter à quelque chose de plus réaliste. C’est ce que nous traiterons dans notre prochain article de la série !

Dans cet article, on a vu comment l’adresse IP elle-même peut être utilisée pour identifier sa structure, c’est à dire pour permettre de distinguer sa partie réseau de sa partie hôte. C’est un concept historique qui a vécu: désormais, on utilise les masques de sous-réseaux pour redéfinir la structure de l’adresse IP ; et ce, indépendamment de la classe d’adresses !

En attendant ce prochain article, n’hésitez pas à nous indiquer dans la fenêtre des commentaires ci-dessous les points que vous souhaiteriez que l’on développe et, éventuellement, vos suggestions pour un prochain article… Par exemple, en relisant celui-ci, je me dis qu’il est nécessaire (pour bien comprendre) de maitriser la notation binaire et d’être capable de passer de la notation décimale à la notation binaire et vice-versa: est-ce quelque chose que vous voudriez que l’on traite ? A vos claviers, prêts? Commentez ! 😉