Les secrets du routage IP (Partie 3)Dans l’article précédent, nous avons vu que le processus de routage commence toujours par rechercher l’entrée la plus précise associée à l’adresse IP destination (celle qui a le plus de bits en commun avec l’adresse destination).

N’hésitez pas à relire (ou à lire – il est ici) cet article et notamment l’exemple qui y est donné pour bien comprendre ce point.

 

Désormais, nous allons voir comment le processus de routage va utiliser deux paramètres (métrique et distance administrative) lorsque la recherche précédente ne permet par de trancher.

192.168.0.0/16     via ethernet0
192.168.2.0/24     via ethernet1
192.168.2.0/24     via ethernet2
192.168.2.0/24     via ethernet3

 

Comment router dans ce cas, le paquet à destination de 192.168.2.27 ? vers ethernet1, ethernet2 ou ethernet3 ?

Pour répondre à cette question, les informations communiquées ne sont pas suffisantes. Effectivement, chaque route (une route est une entrée dans la table de routage) est associée à deux paramètres. Le choix sera effectué sur la base de ces paramètres:

  • la distance administrative,
  • la métrique.

 

1 – La Distance Administrative

Nous avons vu que les informations utilisées pour remplir la table de routage peuvent être de 3 catégories:

  • interface directement connectée;
  • configuration manuelle (routage statique).
  • routage dynamique (par exemple: EIGRP ou OSPF).

Et bien, pour chaque cas, le routeur considère une mesure de fiabilité de la source utilisée pour remplir la table. Le routage EIGRP est une source, la configuration manuelle en est une autre, etc. Pour chaque entrée de la table de routage, le routeur prend en compte cet indicateur de fiabilité  accordée à la source à l’origine de l’information.

Cette mesure de source de fiabilité est ce que l’on appelle la distance administrative (ou AD pour Administrative Distance). C’est une valeur comprise entre 0 et 255 affectée par le routeur: plus la distance administrative est petite et plus la fiabilité de la source est élevée. L’information la plus fiable est retenue par le routeur pour le choix de la meilleure route.

Dans notre environnement, le routeur considère les valeurs suivantes (ce sont des valeurs par défaut et modifiables): 

Tableau indiquant l'AD pour différents protocoles

Il est important de noter que cette valeur est uniquement locale au routeur et rien n’oblige (à part le souhait de faire les choses simplement) à avoir les mêmes valeurs entre deux routeurs. Cette information n’est jamais échangée entre routeurs.

 

2 – La Métrique

Chaque protocole de routage dynamique identifie la meilleure route sur la base d’une métrique. Les métriques ne sont pas comparables d’un protocole à l’autre (c’est la raison pour laquelle il faut introduire le concept de Distance Administrative….). Là encore, la route avec la métrique la plus basse est toujours retenue par le routeur.

Contrairement à l’AD, la métrique est une information partagée entre les routeurs. Cela ne veut pas dire qu’elle est identique. Pour illustrer ce dernier point, on va prendre un exemple. Si je suis à une métrique de 10 du prochain routeur et que ce routeur intermédiaire est à une métrique de 10 de l’arrivée. Le routeur intermédiaire m’annonce sa métrique (10) mais cela veut dire qu’il faut que j’ajoute la métrique pour atteindre ce routeur (ma métrique vers l’arrivée est donc de 10+10, soit 20). Si je dois informer d’autres routeurs, je peux leur dire (à tous) que ma métrique de l’arrivée est de 20. A eux de voir, en fonction de leur éloignement avec moi, quelle est leur propre métrique pour atteindre la destination.

Principes du routage et des métriques

 

Enfin, que se passe-t-il si plusieurs routes existent avec la même métrique ? Et bien, dans ce cas, le routeur ne choisit pas: il utilise les différents chemins mis à disposition. Plus exactement, il y a une répartition de la charge sur les différents chemins disponibles. Cette répartition de charge peut se faire par paquet ou par flux… Mais ça, c’est encore une autre histoire! 😉

 

Pour résumer les derniers articles, ce qu’il faut garder à l’esprit c’est que l’entrée préférée (la route finalement choisie donc) est toujours :

  • d’abord l’entrée la plus précise (longest-match) présente dans la table de routage,
  • si plusieurs routes de même niveau de précision existe, on choisit la route en fonction de la fiabilité relative entre les sources (la distance administrative). Et cela indépendamment de la façon dont l’information a été placée dans la table de routage.
  • chaque protocole de routage dynamique identifie la meilleure route sur la base d’une métrique propre à ce protocole. Les métriques ne sont pas comparables entre des protocoles différents.

 

C’est tout, pour le moment ! Dans une prochaine vidéo, nous verrons concrètement comment ces concepts sont implémentés dans le logiciel Cisco et comment nous pouvons vérifier ce qui vient d’être présenté dans cet article. Cette vidéo est en ligne, à visualiser ici: « Routage IP: le traitement des paquets IP par un routeur (S1E4) » !

En attendant, n’hésitez pas à commenter ou poser vos questions sur le sujet du jour.